DES TILAPIAS, BORIS ET ALI BABA
Comme il le fait chaque soir , entre 18h30 et 19 heures, il se dirige vers le lac avec l’intention de nourrir les poissons, ses poissons.
En effet, ce lac qui est dans sa propriété, a été “stocké” de Tilapias, ces poissons Sud-Américains importés aux USA il y a plus de 70 ans. Le Tilapia se rapproche de la truite, avec une belle chaire blanche, très comestible. Ce poisson se trouve dans les supermarchés et restaurants.
Cette bonne action se pratique voilà plus de cinq ans. Une fois par mois, il va acheter en gros une trentaine de pain à la fois, du pain de la veille qui coûte moins cher.

Il en a à nourrir pour un mois. Il a même aménagé un réfrigérateur pour cette activité.

Comme il arrive d’en parler à ces voisins, ces deniers lui demandent s’il a jamais vu un alligator. Sa réponse est simple: jamais. Et c’est d’ailleurs pourquoi les poissons pullulent. Il faut les voir, à mesure qu’il approche de la berge, ils viennent de partout, causant de nombreux sillons dans l’eau. Ils se regroupent en cercle devant l’endroit où il se place, et sautillant, manifestent leur anxiété à être nourris

Ce scénario est devenu une habitude. Il se répète presque tous les soirs. Presque, parce lorsqu'il est en déplacement, ses amis sont privés.
Quand on lui demande : Est-ce que tu les pêches pour les manger? Sa réponse est simple: Comment peux-tu manger un animal familier, un pet?

Il est donc là, ce soir, à lancer le pain, parfois une tranche entière sur laquelle se lance tout un groupe, parfois de petits morceaux quill découpe et cela devient plus privé. Chacun reçoit sa ration.

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Au bout d’une dizaine de minutes, il semble voir à une vingtaine de pieds, au loin, comme une petite boule, non, deux petites boules à la surface de l’eau. Et voila qu’elles se mettent à avancer. Il arrête son opération, fixe ce qu’il voit et se demande ; qu’est-ce que c’est? Un canard? Une tortue? A 10 pieds, à 5, ça devient plus évident. Onpeut voir une forme élancée de deux pieds environs, suivie d’une queue de mesure égale. Il s’agit d’un bébé alligator.

Et voila qu’à peine ayant fait cette découverte, qu'arrive a sa gauche un second de même dimension.
Grand Dieu, que se passe t-il? Ils se dirigent au centre où il lance le pain , et les deux nouveaux invités, non seulement s’emparent-ils du pain mais aussi des poissons qui s’y trouvent.

L’idée lui vint que si les bébés sont là, la maman ne doit pas être bien loin. Il recule de quelques pieds et hésite, il se dit: je nourris les poissons, les engraisse pour que ces crocos seen fassent un festin?

Cela lui rappelle l’incident d’il y a quelques mois. Un soir alors qu’il lançait son pain, il remarqua au bord de l’eau une longue forme  noire et ronde. Ça ressemblait à un tuyau. Il ne l’avait jamais  vu. Il se baisse pour le soulever et le tuyau se met à bouger. Grand Dieu! C’est un serpent! A sa grande surprise, il recule le cœur battant. Doucement, le serpent se glisse dans l’eau et s’empare d’un poisson. D’un mouvement vif il retourne au bord de l’eau pour l’opération avalement ou avalage.

Quelle merveille! Le poisson devait mesurer six pouces et le serpent n’était pas si gros, 2 à 3 pieds de long, un petit visage si l’on peut dire. Comment allait-il faire pour engouffrer ce poisson? Notre homme n’avait auparavant jamais vu un serpent ouvrir sa gueule si grand pour y engloutir sa victime.
Toute l’action se faisait au ralenti et on pouvait voir l’élongation du cou, de la gorge. Les crocs se desserrant pour emmagasiner le poisson qui était trop gros pour la petite bouche du serpent. Au bout d’un long. 5 minutes, l’opération semblait complète. En aucun temps il ne voulait  déranger le processus. La nature faisait son chemin et il ne fallait pas intercéder.

Il repartit, se demandant si demain il reverrait le serpent .  Comme de fait , le lendemain il était au rendez-vous. Gentiment étendu au bord, attendant qu’il invite les poissons à se réunir pour leur festin avant d’entrer en action et renouveler son scénario.  Chose faite.

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Il décida de baptiser le serpent Boris. Son voisin de l’autre côté du lac est Russe, donc ça tombait bien. Quand il en a parlé à son voisin, celui-ci proposa de venir avec son revolver pour le tuer.
Pas question! Notre homme n’est pas du type à tuer des animaux quels qu’ils soient.

On se mit à s’interroger sur l’identité de Boris. Est-ce un ´water mocassin’, un ´water bandit ´ ou autre? C’est certainement un serpent d’eau. Après descriptions auprès de ceux qui s’y connaissent , on opta pour ´water bandit’ donc inoffensif. Plutôt que water mocassin plutôt dangereux et dont il faudrait se débarrasser.

Boris devint donc un membre de la famille et s’il arrivait qu'un soir il. L’était pas là, on s’inquiétait. Jusqu’au moment où après deux à trois semaines de disparition, on conclut qu’il s’est fait bouffer par un de ces aigles qui rôdent au dessus du lac et qui de temps en temps font une chute en piqué pour se mettre quelque chose sous la dent. Donc Adieu  Boris.

Et voila que son remplaçant n'est nul autre que ce grand héron qu’on baptisa Ali Baba parce que lui aussi volait nos fameux tilapias. Alors que notre homme nourrissait son troupeau , Ali Baba volait d’un coté à l’autre du lac et après trois à quatre aller-retour venait se positionner toujours à gauche du lanceur, à environ 20 -30 pieds. Dans sa bonté, notre homme lui laissait quelques tranches de pain pour qu’Ali Baba vienne les chercher. Ce nouveau scénario a duré près  de deux mois. Puis Ali Baba a disparu pour maintenant se faire remplacer par ces nouveaux carnivores.

Très inquiet, notre homme en parle à son voisin d’en face, qui lui aussi lui apprend qu’il a remarqué un alligator dans son lac. D’ailleurs, il y a un mois, ils étaient deux. Un grand et un petit. Il a essayé de les tirer, ce qui est contre la loi. Son épouse a même été jusqu’à appeler les autorités de la faune pour venir les chercher et les déménager dans un territoire plus propice. On n’a jamais entendu parler des autorités et au bout de deux semaines la voisine a appelé des amis très friands de chaire d’alligators. Les amis sont venus et dans le temps de le dire se sont emparés du plus gros qui a fini dans la soupe.
Devait-on les appeler pour nos deux lascars? On s’est posé la question mais auune action a été prise.

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L’autre soir, par contre le rituel habituel à été bouleversé.
Ne se doutant de rien et lançant innocemment son pain, voilà que venus de nulle part, à la rapidité de l’éclair, les deux alligators surgissent de l’eau et sautent dans la direction de l’homme, et comme s’ils l’avaient planifié, chacun s’empare d’une jambe. L’homme tombe à la renverse. Il crie mais qui peut l’entendre. Il est tout seul. Il a beau remuer les pieds pour se défaire mais la prise est trop forte. Ils ne démordent pas. De ses mains il tape dessus mais tien n’y fait.

Du sang gicle partout. Il essaie de se redresser, rebrousser chemin, Faire en sorte qu’on puisse le voir de la route qui est quand même à quelques centaines de pieds où des automobilistes passent et pourraient le remarquer.
Rien à faire! Il lève les mains et les agite en direction de l’autre côté du lac au cas où le voisin Russe pourrait le voir. Il sent ses jambes faiblir et se demande qui peut bien l’aider.

S’il y avait une justice, peut-être que les tilapias qu’il nourrit voilà des années pourraient , en reconnaissance, venir à la rescousse . Mais comment?
Il a l'idée de se déplacer vers l’arrière en trainant sur son derrière. Il veut se rapprocher d’un arbre, et peut-être s’il lui reste des forces, projeter son pied avec la gueule de l’alligator contre l’arbre et ainsi l’assommer. En attendant. Il essaie de les entre assommer en frappant l’un contre l’autre. Ça réussit.

Le pied droit se libère et l’alligator recule. Il faut maintenant se débarrasser de l’autre. Il tente de se mettre debout. Difficilement il réussit et se met à frapper du peu de force qui lui reste sur l’autre bestiole qui n’a pas lâché prise du pied gauche. Il frappe et frappe encore. Il s’imagine qu’il est devant un ballon de soccer. Il veut frapper le bas ventre, croyant qu’ainsi il déséquilibrera son agresseur. L’animal bougeant sans arrêt, il se donne un coup à son propre pied. De douleur, il retombe à terre.

A cet instant, telle une apparition, Ali Baba se présente et approche gentiment de la scène, se demandant ce qui se passe. Pendant une fraction de temps, l’homme cesse de se débattre, essoufflé, il semble abandonner. Ali s’approche d’avantage. Il est maintenant perché sur le dos de l’alligator et il se met à picorer, comme si il y a trouvé une quelconque nourriture. Il picore de toutes ses forces, au point d’ennuyer l’alligator qui bouge au point de le faire basculer.

Remarquant Ali Baba, l’alligator lâche prise du pied et fait face à l’oiseau. Celui-ci vole vers l’arrière, attirant le saurien vers lui.  Ce dernier retrouve son frère et tous deus decident de retourner audisparaissent.

Notre homme est essoufflé, ensanglanté mais il est libre. Il essaie de se redresser et regardant devant lui , se dit que la providence a eu une reconnaissance envers lui, vu son amour pour la nature et les animaux et lui a envoyé Ali Baba pour le sauver.

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