Ce fameux fruit que mon père nous achetait quand nous étions jeunes, que nous aimions beaucoup et mangions ensemble.
Le tout commençait par un processus fort délicat pour savoir si l'intérieur de ce fruit était bien rouge et sucré. Je me souviens voir mon père le palper des deux mains, le porter vers son oreille et presser les extrémités pour entendre un petit bruit. Dès que le bruit de faisait entendre, cela voulait dire que cette pastèque est bonne. Il la prend et se dirige vers la maison.
Nous voila tous réunis autour de ce merveilleux cadeau. Et maintenant il faut couper la pastèque.
Encore une fois il y a plusieurs façons de faire cette opération. Mon père la coupait en deux en son milieu. Il prenait une moitié et la coupait encore en deux. De ce quart, il décidait de faire des tranches plus ou moins égales, coupant d'un côté à l'autre. Nous avons maintenant cinq à six tranches et chacun en obtenait une.
Le moment de savourer, c'est lorsque nous nous jetions à pleines dents dans ce quartier qui nous a été réservé.
A mesure que j'écris, je ressens cette sensation d'un fruit doux et sucré, plein de jus et d'eau qui saute partout. Nous en avons la bouche pleine. Et l'exercice reprend de nouveau jusqu'à ce qu'il ne reste que la partie verte de la pastèque que nous devons maintenant jeter.
Si l'on a encore faim, on attaque une deuxième tranche. Ce que nous faisions tous, pendant que notre père nous voyait tous émerveillés.
Une fois cette distraction finie, oui, parce que c'est une belle distraction, on prend la deuxième moitié qui va trouver sa place au réfrigérateur en attendant la prochaine étape.
Aujourd'hui, quand je m'apprête à acheter une pastèque, au lieu de la porter à mon oreille et de presser les deux extrémités comme papa faisait, je la tapote gentiment avec la paume de la main un peu recroquevillée, pour essayer d'entendre in petit bruit qui est la sensation d'un bon fruit.
Après le plaisir de la pêche, celui de la pastèque a aussi son mot à dire. Je viens d'ajouter un autre plaisir de la vie.